Jeux Paralympiques : les chances de médailles françaises

27 Août 2024 | Actus TAS

Photos de Timothée Adolphe et son guide Charles Renard, Julie-Rigault-Chupin, Alexandra Saint-Pierre,  Stéphane Houdet, Charles Antoine Kouakou, Pauline Déroulède, Mandy François-Elie, Léa Ferney et Sébastien Verdin. La photo d’Alexandra Saint-Pierre a été prise par Emmanuel Lermercier, celle de Julie Rigault-Chupin par elle-même et les autres par Jonathan Rohman

L’objectif annoncé par Marie-Amélie Le Fur, présidente du Comité Paralympique Sportif français (CPSF) pour la délégation française est de décrocher 20 médailles d’or et de réintégrer le top 8 au tableau des médailles pour la première fois depuis les Jeux de Sidney. Cet objectif paraît réaliste au regard des forces en présence au sein de la délégation tricolore même si le classement qui fait la part belle aux médailles d’or pourrait desservir les Français comme en 2021 lors Jeux de Tokyo (54 médailles mais seulement 11 en or).

Pour espérer atteindre les objectifs annoncés, il sera primordial pour les athlètes français de performer dans les quatre disciplines qui comptent le plus d’épreuves et de catégories à savoir l’athlétisme, la natation, le tennis de table et le cyclisme.  Le tennis de table et le cyclisme devraient, comme à chaque paralympiade récente, être un grand pourvoyeur de médailles. Pour l’athlétisme et la natation, les espoirs d’or reposeront notamment sur quelques têtes d’affiche même si de nouveaux athlètes émergent. Focus sur les athlètes français qui, dans chaque discipline, peuvent selon nous prétendre décrocher une ou plusieurs médailles… Ce qui ne nous empêche pas d’espérer que certains athlètes qui ne sont pas cités dans cet article nous surprendront.

Les grandes ambitions des pongistes

En tennis de table, c’est simple, les 21 pongistes sélectionnés ont déjà remporté une médaille internationale en simple ou en double. Tous peuvent donc prétendre repartir médaillés de ces Jeux à domicile d’autant que certains s’appuient sur des performances de tout premier plan à l’échelon mondial. Parmi ceux-ci, on suivra avec une attention particulière les performances de 3 pongistes.
Tout d’abord, celles de Fabien Lamirault (classe 2 – fauteuil). Parce qu’il est quadruple champion paralympique… Mais aussi puisqu’il est l’auteur de l’admirable préface de : « Les Yeux dans les Jeux : portraits de vingt parasportifs ambitieux », l’ouvrage que nous avons édité et qui offre une plongée incarnée au coeur du monde paralympique. Sacré en simple et en double, à Rio et à Tokyo, Fabien tentera de faire aussi bien à Paris, mais la concurrence aura à cœur de prendre sa revanche. Nous aurons aussi un oeil attentif sur Alexandra Saint-Pierre (classe 5 – fauteuil) et Léa Ferney (classe 11 – sport adapté) dont nous avons dressé le portrait dans « les Yeux dans les Jeux ». Toutes deux championnes du monde en titre en simple en 2022, elles ont depuis enchaîné les galères, mais pénètreront dans l’Arena Paris Sud de la Porte de Versailles avec l’objectif clair d’y décrocher une médaille… Et si possible la plus belle. Alexandra essaiera même de faire coup double, associée à Flora Vautier en double.
Et les autres chances de médailles seront multiples parmi l’équipe de France de para tennis de table. Impossible ainsi de ne pas citer l’éternelle Thu Kamkasomphou (Classe 8 – debout). Âgée de bientôt 56 ans, la native du Laos qui est arrivée en France à 12 ans compte pas moins de 10 médailles paralympiques, 9 mondiales et 20 européennes. Matéo Boheas (classe 8 – debout), Thomas Beauvais (classe 8 – debout), Clément Berthier (classe 8 – debout), Lucas Créange (classe 11 – sport adapté), Emeric Martin (classe 4 – fauteuil) Florian Merrien (classe 3 – fauteuil), Stéphane Messi (classe 7 – debout), Nicolas Savant Aira (classe 5 – fauteuil) et Maxime Thomas (classe 4 – fauteuil) s’appuient ainsi sur de solides références au niveau mondial et ont tous déjà goûté au podium lors de Jeux Paralympiques.  Et Morgen Caillaud (classe 6 – debout), Lucas Didier (classe 9 – debout), Kévin Dourbecker (classe 7 – debout), Lucie Hautière (classe 8 – debout), Esteban Herrault (classe 6 – debout), Julien Michaud (classe 2 – fauteuil), Sylvain Noël (classe 2 – fauteuil) et Flora Vautier (classe 4 – fauteuil)  ont pour leur part tous déjà décroché des médailles lors de grandes compétitions internationales et peuvent donc légitimement espérer performer en simple, mais aussi réaliser de grandes choses en double.

Un feu d’artifice attendu en para cyclisme

En para cyclisme, si tous les athlètes français évoluent à leur meilleur niveau, on pourrait assister à une razzia tricolore. Nous suivrons notamment avec attention les épreuves de Heïdi Gaugain, à l’honneur dans « Les Yeux dans les Jeux » et double championne du monde en titre de la poursuite dans la catégorie C5. Mais l’équipe de France a de nombreux atouts à faire valoir dans cette discipline à commencer par Alexandre Léauté (catégorie C2) quadruple médaillé paralympique à Tokyo dont l’or sur la poursuite, alors qu’il avait 19 ans. Et depuis, son palmarès s’est enrichi de 14 titres mondiaux… en 16 courses, dont 4 médailles d’or lors des derniers Championnats du monde à Rio de Janeiro.

Heïdi Gaugain et Alexandre Léauté seront très bien accompagnés sur la piste du Vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines et les routes de Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne. Kevin Le Cunff (catégorie C4), champion olympique de la course sur route à Tokyo, a depuis décroché 8 titres mondiaux ou européens dans les différentes épreuves au programme des Jeux de Paris. Florian Jouanny (H2 – handbike), Dorian Foulon (C5), Alexandre Lloveras (B – guidé par Yoann Paillot). Marie Patouillet (C5), Loïc Vergnaud  (H5 – handbike) ont été médaillés aux Jeux de Tokyo (dont Jouanny et Foulon en or) et feront tout pour l’être à nouveau à domicile.

Gaëtan Le Rousseau (C4), Thomas Peyrotton-Dartet (C5), Mathieu Bosredon (H3) , Elie de Carvalho (B – guidé par Mickaël Guichard), John Quaile (H3), Anaïs Vincent (H3), Joseph Fritsch (H4) et Anne-Sophie Centis (B, guidée par l’ancienne cycliste professionnelle, Elise Delzenne) peuvent également espérer monter sur le podium.

Para natation : des leaders et des jeunes ambitieux

L’équipe de France de para natation, sera quant à elle articulée autour d’Ugo Dider (S9) et Alex Portal (S13), dont le portrait est également à retrouver dans les « Yeux dans les Jeux », … Même si ce dernier devra composer avec la concurrence de l’immense nageur biélorusse, Ihar Boki, de retour de suspension pour raisons géopolitiques.
Mais ces deux têtes d’affiche déjà double médaillés à Tokyo et qui ont trusté les podiums internationaux depuis ne seront pas les seules à pouvoir embraser la Défense Arena. De nombreux autres nageurs français s’affirment ainsi comme de sérieux prétendants à une médaille voire un titre, à commencer par Laurent Chardard (S6), double et les jeunes Dimitri Granjux (S4), Hector Denayer (S9) et Assya Maurin-Espiau (S14 – déficience intellectuelle)… Sans oublier Kylian Portal (S12), qui a partagé, à 16 ans, un podium avec son grand frère, Alex, l’an passé aux mondiaux de Manchester.
Il faudra aussi compter sur David Smetanine (S4) qui cherchera à glaner une dixième médaille paralympique et la revenante, Élodie Lorandi (S10) déjà octuple médaillée paralympique. Emeline Pierre (S10), Solène Sache (S5), Léane Morceau (S12) et Anaëlle Roulet (S10) peuvent également tirer leur épingle du jeu

Un festin pour les Guépard blanc et les autres athlètes ? 

Du côté de l’athlétisme, pour Timothée Adolphe (T11 – aveugle, guidé par Charles Renard et Jeffrey Lami), le fameux Guépard Blanc dont les multiples talents sont détaillés dans « les Yeux dans les Jeux », décrocher l’or Paralympique, son objectif ultime, n’a rien d’un rêve inaccessible. Il n’a pas été épargné par la malchance depuis le début de sa carrière, mais il n’a sans doute jamais paru aussi fort et vient de battre le record d’Europe du 400 mètres il y a quelques semaines. Il s’alignera également sur le 100 mètres où le duel annoncé avec le Grec Anthasios Ghvellas, promet d’être électrique.
Charles-Antoine Kouakou (T20 – déficience intellectuelle), lui aussi portraitisé dans « les Yeux dans les Jeux » sera également un sérieux prétendant au podium sur le 400 mètres. Seul athlète à avoir décroché une médaille d’or en athlétisme aux Jeux de Tokyo (Paralympiques et Olympiques confondus), Charles-Antoine vient de battre son record et par la même occasion le record d’Europe. Il rêve de conserver son titre, qui plus est à domicile, mais la concurrence sur le tour de piste parmi les déficients intellectuels n’a jamais été aussi forte.
Plusieurs autres athlètes ont déjà été médaillés à l’échelon mondial que ce soit aux Championnats du Monde ou aux Jeux Paralympiques et peuvent légitimement espérer ne pas repartir bredouille des Jeux de Paris.
Le premier nom qui nous vient en tête est celui d’Alexandra Nouchet (F63) auréolée de son titre de championne du monde il y a quelques semaines à Kobé, au Japon; au lancer du poids… assorti d’un record du monde alors qu’elle a découvert cette discipline il y a moins de 2 ans.
Dimitri Pavadé (T64) fait son retour après une grave blessure et espère décrocher une nouvelle médaille au saut en longueur après celle en argent à Tokyo derrière l’intouchable allemand Markus Rehm. Manon Genest (T37) cherchera à confirmer sa médaille de bronze au saut en longueur obtenue aux mondiaux de Paris en 2023 tandis que Mandy François-Élie (T37), appelée la Nouvelle Gazelle des Antilles dans « Les Yeux dans les Jeux », cherchera à monter sur le podium comme elle l’a déjà fait aux Jeux de Londres, de Rio et de Tokyo. Pour se donner un maximum de chances d’y parvenir, Mandy s’alignera sur les 100, 200 mètres et saut en longueur. Nantenin Keita (T13), porte drapeau de la délégation aux côtés d’Alexis Hanquinquant a quant à elle dans le viseur une cinquième médaille paralympique.
Arnaud Assoumani (T47) et Trésor Gauthier Makonda (T11, guidé par Lucas Mathonat et Joachim Berland) tous deux déjà détenteurs de 5 médailles paralympiques viseront eux aussi à enrichir leur impressionnant palmarès. Et que dire de Pierre Fairbank (T53), qui affiche 10 médailles paralympiques au compteur et reste sur un doublé sur 400 et 800 mètres lors des championnats du monde de Kobé de mai dernier ?
Soane Luka Meissonier (T20), Valentin Bertrand (T37), Gloria Agblemagnon (F20), Dimitri Jozwicki (T38), Badr Touzi (F63) peuvent également croire à une médaille tandis que Marie Ngoussou (F46), benjamine de la délégation tricolore du haut de ses 15 ans, tentera de profiter au maximum de cette expérience et pourquoi pas de créer l’exploit.

Des tatamis porteurs d’espoir

Comme lors des Jeux Olympiques, deux autres sports devraient s’avérer pourvoyeurs de médailles : le judo et le triathlon.
Pour le judo, deux noms viennent à l’esprit : ceux de Hélios Latchoumanaya (J2 – 90 kg) et Sandrine Martinet (J2 – 48kg). Depuis sa médaille de bronze décrochée à Tokyo, Hélios, qui fait partie des 20 athlètes interviewés dans les « Yeux dans les Jeux », domine sa catégorie de la tête et des épaules et vise clairement l’or. Sandrine Martinet est quant à elle sortie spécialement de sa retraite pour tenter de décrocher une deuxième médaille d’or après celle de Rio en 2016 et une 5e médaille paralympique en 6 participations aux Jeux.
Mais les para judokas tricolores pourraient bien ramener d’autres médailles. Cyril Jonard (J1 – 90 kg) a ainsi déjà accroché 2 médailles paralympiques à son palmarès (l’or en 2004 et l’argent en 2008) agrémentés de plusieurs autres médailles et titres internationaux depuis. Et si Prescillia Lezé (J2 + 70 kg), Nathan Petit (J2 – 73 kg), Jason Grandry (J1 + 90 kg) et, Armindo Rodrigues (J1 – 73 kg) ont les cartes en main pour nous faire vibrer et s’inviter sur le podium, Nacer Zorgani sera une des attractions de ces Jeux. Touche à tout, le natif d’Alger a déjà eu mille vies avant de se mettre au judo à 2 ans des Jeux. Après avoir pratiqué le kick-boxing, le karaté, le taekwondo ou encore l’aïkido avec des cadors de chacune de ces disciplines, Nacer s’est lancé le défi de performer sur le tatami de l’Arena du Champ de Mars tout en menant de front sa carrière de stand’uper sous le nom de l’Handicapable et après avoir été le speaker des œuvres de boxe lors des Jeux Olympiques… Et malgré son manque de références en judo, il ne vise rien d’autre que l’or.

Alexis Hanquinquant à la tête d’une armada en para triathlon

Pour ce qui est du para triathlon, tous les amateurs de parasports ont forcément un nom tête : celui d’Alexis Hanquinquant (classe PTS4 regroupant les handicaps modérés), porte drapeau de la délégation avec Nantenin Keita. C’est simple, le Normand a remporté toutes les grandes compétitions internationales qu’il a disputées depuis 7 ans, dont les Jeux de Tokyo en 2021. L’or lui est à nouveau promis mais gare à la fameuse incertitude du sport…
Mais les espoirs de médailles des combinards tricolores ne reposeront pas sur les seules épaules d’Alexis. D’ailleurs, pour conserver sa couronne, le tenant du titre et sextuple champion du monde devra en premier lieu se méfier de deux compatriotes. Pierre-Antoine Baele évolue ainsi également dans la classe d’Alexis Hanquinquant avec qui il partage régulièrement les podiums. Classe PTS4 au sein de laquelle les performances récentes de Grégoire Berthon, ancien triathlète de haut-victime d’un accident en 2022, laissent même rêver d’un fabuleux triplé français, à l’instar de celui réalisé en BMX lors des Jeux Olympiques.
Et ce n’est pas tout. Jules Ribstein est triple champion du monde en titre dans la classe PTS2, à savoir celle qui regroupe les handicaps impactant sévèrement la pratique du triathlon. Depuis sa médaille de bronze à Tokyo, Annouck Curzillat (PTVI – déficience visuelle) et sa guide, Julie Morano, ont pour leur part trusté presque tous les podiums des grandes compétitions internationales. Antoine Pérel et Thibault Rigaudeau (PTVI)  et leurs guides respectifs (Yohan Le Berre et Cyril Viennot) ont également enchaîné les podiums mondiaux et européens ces dernières années et pourraient eux aussi très bien se retrouver ensemble sur le podium.
On pourrait aussi prédire un destin doré à Elise Marc, championne du monde en titre… mais sa classe (PTS3) n’est pas présente aux Jeux et la triathlète devra tenter de réaliser un exploit dans la classe PTS4 où l’impact de son handicap sur la pratique de la discipline sera supérieur à celui de ses concurrentes. Gwladys Lemoussu (PTS5), déjà médaillée à Rio, Cécile Saboureau (PTS2), Cédric Denuziere (PTS3), Mona Francis (PTWC – fauteuil roulant), Louis Noël (PTWC – fauteuil roulant) ou encore Michaël Herter (PTS3) ne partiront pas forcément favoris mais tenteront de déjouer les pronostics.

Tennis fauteuil : la concurrence sera rude, mais la lumière pourrait venir du double

On en vient au tennis fauteuil. Ce sport éminemment spectaculaire, au même titre que l’ensemble des sports pratiqués en fauteuil qui impliquent une maîtrise technique et tactique du sport en question, mais également celle du maniement du fauteuil, est celui d’un certain Stéphane Houdet. Si ce nom ne vous dit rien, sachez qu’il est tout simplement le tennisman français le plus titré de tous les temps : valides et joueurs en fauteuil mais également hommes et femmes confondus. Le portrait du triple champion paralympique et détenteur de 24 tournois du Grand Chelem en simple et en double est à découvrir dans les « Yeux dans les Jeux » au même titre que celui de Pauline Déroulède, une joueuse aussi ambitieuse et talentueuse qu’engagée. Si décrocher une médaille en simple constituerait pour eux une véritable performance au vu du niveau actuel de la concurrence, l’un et l’autre peuvent légitiment nourrir de réels espoirs en double respectivement associés à Frédéric Cattanéo et la jeune pépite Ksénia Chasteau qui seront également alignés en simple. Charlotte Fairbank, Emmanuelle Morch, Guilhem Laget et Gaétan Menguy seront pour leur part en quête d’un exploit.

Lucas Mazur pour la passe de deux en para badminton

D’un sport de raquette à un autre, en para badminton, Lucas Mazur (SL4) devra assumer le statut de favori, mais se méfie de l’incertitude du sport évoquée précédemment comme il l’a d’ailleurs reconnu dans « Les Yeux dans les Jeux »… d’autant qu’il a été surpris en demi-finale des derniers championnats du monde. Mais le Toulousain de coeur n’est pas le seul à pouvoir viser une médaille (et même deux associé à Faustine Noël !) lors de ces Jeux. Faustine Noël (SL4) et Méril Loquette (SU5) peuvent également viser le podium tandis que Charles Noakes (SH6), Milena Sureau (SL4), Maud Lefort (SU5), David Toupé (XH1) et Thomas Jakobs (WH2) tenteront de créer la surprise.

Goalball : les Bleu(e)s veulent prendre date !

En goalball, les équipes de France féminine (parmi laquelle Gwendoline Matos raconte son parcours et les spécificités de son sport dans « Les Yeux dans les Jeux ») et masculine auront à cœur de briller sans pour autant avoir un réel espoir de médaille. Ces Jeux organisés en France sont l’occasion pour ces champions français de ce sport destiné aux personnes déficientes visuelles de participer pour la première fois à des Jeux Paralympiques. On espère qu’ils pourront emmagasiner suffisamment d’expérience pour s’inviter régulièrement à la grand-messe quadriennale.

Sonia Heckel : l’ajout majeur en boccia

Avec le goalball, la boccia est le seul sport qui ne compte aucune variante dans le giron olympique. Et ça tombe bien, l’équipe de France de boccia compte dans ses rangs Sonia Heckel (BC3) qui, avec l’aide de Florent Brachet, son fidèle assistant, constitue une vraie chance de médaille voire de titre puisqu’elle est numéro une mondiale. Si vous voulez en savoir plus sur la boccia et l’importance de Florent Brachet dans la vie de Sonia, n’hésitez d’ailleurs pas à lire « Les Yeux dans les Jeux ».
Et si Sonia Heckel est la locomotive française de cette discipline qui s’apparente à la pétanque, elle ne sera pas la seule à suivre lors de ces Jeux. Les autres joueurs et joueuses de boccia comptent moins de références que Sonia dans les grandes compétitions internationales, mais une bonne surprise n’est pas à exclure, notamment concernant Aurélie Aubert en BC1, en équipe mixte BC1/BC2 et double mixte BC3.

Le volley assis : une discipline à découvrir 

A l’instar du goalball, les équipes de France féminine et masculine de volley assis prendront part aux Jeux Paralympiques pour la première fois et comptent bien profiter de cette compétition pour faire découvrir et promouvoir leur discipline. C’est d’ailleurs précisément ce que Thibaud Lefrançois fait avec passion, aussi bien dans « Les Yeux dans les Jeux » qu’au quotidien dès qu’il en a l’occasion.

Rugby fauteuil : les Bleus en quête du graal !

Si on reste dans les sports collectifs, l’équipe de France masculine de rugby fauteuil a une vraie chance de médaille. Emmenée notamment par Jonathan Hivernat, Cédric Nankin et Sébastien Verdin (dont le portrait est à retrouver dans les « Yeux dans les Jeux »), les Bleus, doubles champions d’Europe en titre, voudront imiter la bande à Thibaut Privat et Antoine Dupont et décrocher le titre même si le niveau des équipes est très homogène. On parlait précédemment de sport spectaculaire, et le rugby fauteuil en est clairement un autre qui gagne à être découvert par le plus grand nombre… Et un public en fusion pourrait d’ailleurs porter nos rugbymen.

Basket fauteuil : retour vers le futur !

L’équipe de France masculine de basket fauteuil a quant à elle décroché son billet pour les Jeux pour la première fois depuis 2004. Les partenaires de Nicolas Jouanserre, Sofyane Mehioui et autre Ibrahim Guirassy, auront certainement du mal à marcher sur les pas de Philippe Baye (dont la biographie « En Roue Libre » est disponible sur ce site), Michel Gradelle, André Chauve, Éric Benault and co, champions paralympiques en 1984. Mais ne comptez pas sur les basketteurs français pour faire de la figuration à l’Aréna de Bercy. Ils entendent surfer sur le tournoi de qualification paralympique organisé à Antibes en avril dernier où les tricolores ont décroché 4 succès de rang pour valider leur billet pour les Jeux et se donner ainsi le droit de rêver.

Cécifoot : une dernière pour la route pour Frédéric Villeroux ? 

Toujours dans les sports cos, l’équipe de France de cécifoot aura à cœur de rééditer la performance de 2012, où les Bleus avaient décroché la médaille d’argent. Pour y parvenir, les tricolores pourront toujours compter sur le talent et le leadership de Frédéric Villeroux (dont le parcours et le franc parler sont à découvrir dans « Les Yeux dans les Jeux »), déjà présent en 2012. En revanche, ils devront se passer d’Yvan Wouandji, un autre pilier de l’équipe en raison d’une blessure au genou.

Des tireurs prêts à viser dans le mille 

Une ou plusieurs médailles pourraient également tomber du côté du tir.  Tanguy de la Forest (SH2) reste sur 4 titres de champion du monde à la carabine lors des deux dernières éditions et deux records du monde battus en décembre dernier. A 59 ans, Didier Richard (SH1) est quant à lui le doyen de la délégation. Mais il ne prendra pas part à ses cinquièmes Jeux Paralympiques pour simplement faire de la figuration. Il est régulièrement sur les podiums en carabine debout à 10 mètres et fera tout pour décrocher une première médaille paralympique. Doublement titré sur la carabine à 10 mètres (en simple et par équipe) lors des derniers mondiaux, Pierre-Guillaume Sage (SH2) arrivera également plein d’ambitions au Centre National de Tir de Châteauroux.
Justine Bève (SH2), Gaëlle Edon (SH1), Cédric Fèvre-Chevalier (SH1), Kévin Liot (SH2), Jean-Louis Michaud (SH1) et Romain Ramalingom-Sellemoutou (SH1) ont tous déjà été médaillés lors de grands championnats internationaux voire titré aux Jeux comme l’a été Cédric Fèvre-Chevalier, à Londres en 2012. Tous les tireurs de la délégation se présenteront donc sur le pas de tir avec des objectifs de podium que ce soit en individuel ou par équipe.

Des médailles attendues dans le bassin de Vaires-sur-Marne.

En parallèle, nous devrons garder un œil sur le bassin de Vaires-sur-Marne. Pas seulement pour suivre les performances de Margot Boulet (PR3), ancienne membre du GIGN et déjà médaillée de bronze aux Jeux de Tokyo au sein du quatre barré dont le portrait est à retrouver dans « Les Yeux dans les Jeux ». Mais aussi parce que les postulants à un podium sont nombreux. Outre le quatre barré PR 3 (qui comprend également Grégoire Bireau, Candyce Chafa, Rémy Taranto et Emilie Acquistapace en tant que barreuse), le duo composé de Perle Bouge et Benjamin Daviet peut espérer créer la surprise en PR2 couple mixte… Enfin, la surprise serait toute relative vu le pedigree de ces deux grands champions puisque Perle Bouge est déjà double médaillée paralympique et septuple médaillée mondiale tandis que Benjamin Daviet est quintuple champion paralympique… d’hiver. Suite à la retraite de Stéphane Tardieu, l’ancien partenaire de Perle, Benjamin a en effet délaissé (provisoirement ?) le ski de fond et le para biathlon pour s’essayer à l’aviron et la paire tricolore a eu le bonheur d’obtenir son billet pour les Jeux sur le gong. Nathalie Benoît, déjà médaillée de Bronze à Tokyo et d’argent à Londres a également l’ambition d’enrichir son palmarès en PR1… tandis que les performances récentes de Laurent Cadot, ancien membre de l’équipe de France olympique et Guylaine Marchand, en PR3 deux de couple peuvent légitimement laisser augurer une belle surprise.
L’Île de loisirs de Vaires/Torcy sera aussi le théâtre des épreuves de canoë – kayak qui pourraient sourire aux pagayeurs tricolores puisque Nélia Barbosa en KL3 et Rémy Boullé en KL1 ont tous deux été déjà été médaillés aux Jeux de Tokyo puis lors de tous les championnats du monde et d’Europe qui ont suivi.

Para équitation : qui pour briller dans les jardins du Château de Versailles ? 

Du côté du para dressage, malgré l’absence de Céline Gerny, seulement réserviste qui ne pourra pas terminer sa carrière en beauté au Château de Versailles comme elle l’aurait souhaitée, l’équipe ne manque pas d’atouts avec les présences de Vladimir Vinchon (Grade 4) et de Chiara Zenatti (Grade 3), qui à seulement 21 ans, compte déjà 2 médailles d’argent européennes et trois places d’honneur lors de ses premiers Jeux à Tokyo. La performance d’Alexia Pittier (grade 4) sera également à surveiller au vu de ses résultats récents.

Souhad Ghazouani et Axel Bourlon porteront les attentes en para haltérophilie

En para haltérophilie, Souhad Ghazouani (- 67 kg) et Axel Bourlon (- 54 kg), qui a exprimé avec sincérité dans « Les Yeux dans les Jeux », comment le regard des autres a changé grâce à la pratique de son sport, constitueront les principales chances de médailles.

Para taekwondo : l’or sinon rien pour Bopha Kong 

En para taekwondo, les regards seront prioritairement tournés vers Bopha Kong (- 58 kg K44) qui cherchera à décrocher le seul titre qui manque à son glorieux palmarès. Mais il ne faudra surtout pas oublier de suivre les performances de Djelika Diallo (- 65 kg K44) et de Sophie Caverzan (- 57 kg K44). En revanche, Zakia Khudadadi, athlète d’origine afghane dont l’histoire poignante est racontée dans le documentaire « A corps perdus » diffusé récemment sur France 2, participera bien aux Jeux, mais au sein de l’équipe des réfugiés car elle n’a pas pu obtenir le droit de concourir pour la France dans les temps.

Le Grand Palais prêt à vibrer sous les coups de lame des escrimeurs

En para escrime, autre sport traditionnellement pourvoyeur de médailles, les espoirs de podiums sont aussi multiples. Maxime Valet (catégorie B) et Damien Tokatlian (catégorie A) pourront s’appuyer sur leur expérience et leurs références au plus haut niveau qui se traduisent par 3 médailles paralympiques chacun. Ludovic Lemoine (catégorie A) compte pour sa part 2 médailles paralympiques… mais aussi pas moins de 19 médailles mondiales et européennes à son palmarès. Yohan Peter (catégorie B) n’a pour sa part pas encore obtenu de médaille paralympique mais en comptes déjà 6 dans les autres grandes compétitions internationales… Et il faut bien un début à tout !
Du côté des femmes. Clémence Delavoipiere (Catégorie A) a beau prendre part à ses premiers Jeux, elle entrera dans l’arène du Grand Palais avec de réelles ambitions puisqu’elle a réussi l’exploit de terminer les championnats du monde des moins de 23 ans en 2022 avec 3 médailles de chacun des métaux : l’or en épée, l’argent au sabre et le bronze au fleuret… alors qu’elle avait commencé l’escrime un an auparavant. Et avec Brianna Vidé, les deux escrimeuses debout pourront nourrir des ambitions aussi bien en individuel qu’en équipe. Cécile Demaude (catégorie B) cherchera elle aussi à décrocher une première médaille paralympique à l’occasion de ses troisièmes Jeux, après plusieurs podiums dans les autres compétitions internationales.

Des archers plus motivés que jamais 

At last but not least, vient le para  tir à l’arc.  Jamais médaillée lors d’une grande compétition internationale, Julie Rigault-Chupin (dont le portrait qui est une invitation à profiter de l’instant présent est à découvrir dans « Les Yeux dans les Jeux ») a néanmoins décroché une multitude de places d’honneur. Et la Deux-Sevrienne entend bien monter pour la première fois sur le podium d’une grande compétition dans la catégorie Open arc à poulies au moment qui compte le plus ! Guillaume Toucoullet, médaillé d’argent mondial et européen en arc classique et l’équipe de France masculine d’arc à poulies, championne d’Europe en titre, auront aussi clairement quelque chose à jouer lors de ces Jeux.

Le top 8 en ligne de mire… et pourquoi pas approcher les 100 médailles !

Au vu de tous ces postulants à une ou plusieurs médailles et des athlètes qui pourraient profiter de cet événement majeur pour se révéler aux yeux du grand public, les 54 médailles décrochées à Tokyo devraient être (largement) dépassées. Il ne nous paraît pas présomptueux d’imaginer la délégation terminer avec 80 à 90 médailles voire tutoyer la barre des 100, si les bonnes surprises se multiplient, mais comme indiqué en préambule, la clé sera celles en or. Si l’objectif des 20 titres est atteint, le top 8 ne devrait pas être loin. Mais au-delà des chiffres, on a également envie d’assister à des exploits sportifs et de belles histoires largement relayés par les médias et plébiscités par le grand public. Parce que si ces Jeux devaient aussi permettre de mettre durablement en lumière les parasports et les athlètes, mais également de sensibiliser sur les efforts qu’il reste à fournir sur la place du handicap au sein de la société, ils seraient bien plus qu’un feu de paille et cela contribuerait encore davantage, selon nous, à leur réussite.
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